Marché de l’art : regain d’espoir pour la France

Le marché de l’art est connu pour être très concurrentiel. En effet, malgré une dominance bien établie, les différents pays se disputent continuellement les ventes dans l’espoir d’inverser les tendances.

Malgré un certain retard, les critiques et autres experts semblent envisager l’instauration de la France comme nouveau centre du marché européen, motivés par l’arrivée récente de leaders internationaux dans la capitale.

Le marché de l’art : une répartition très inégale

Le marché de l’art, qui englobe tout type de ventes d’objets d’art (enchères, foires, galeries…), peut s’avérer complexe à analyser à cause de sa grande discrétion à l’égard des collectionneurs. En effet, les seuls éléments publics du marché sont les résultats de vente aux enchères, qui, loin de représenter la totalité des transactions, nous permet d’obtenir une première idée des pays dominants le marché. Ainsi, selon un rapport publié par Artprice le 6 octobre 2022 concernant les lieux de ventes aux enchères d’art contemporain, les Etats-Unis représentent 39% de parts de marché, devançant la Chine et ses 27%. La troisième place du podium est occupée par le Royaume-Uni à 18%, suivi de loin par la France qui ne représente que 3% de parts de marché.

Afin de représenter le marché de l’art plus largement que par les seules ventes aux enchères, l’économiste Clare McAndrew a mené une étude recouvrant également les ventes de NFT, en galeries et les ventes de gré à gré afin de dresser le bilan du marché de l’art en 2021. Ici encore, le marché est largement dominé par les Etats-Unis (43%), la Chine (20%) et le Royaume-Uni (17%) qui représentent à eux trois 80% du marché de l’art. La France, quant à elle, tire son épingle du jeu en représentant 7% de ce marché, sa part la plus importante de la décennie.

Des statistiques à nuancer

A la vue des résultats évoqués précédemment, il est supposé que la France a encore du chemin à faire avant de rattraper la triade dominante. Pourtant, un autre regard sur le marché laisse entrevoir, pour certains, un regain d’énergie français.

En effet, les statistiques précédentes se réfèrent à des données purement financières : les parts de marché sont évaluées selon les sommes vendues. Pourtant, lorsque l’on observe les quantités vendues, la France se place en deuxième position (avec un total de 91 699 œuvres vendues aux enchères en 2021), juste derrière les Etats-Unis, rapporte Thierry Ehrmann, fondateur d’Artprice. Ainsi, il semblerait que le marché de l’art français demeure particulièrement actif sur des prix moins importants que les pays concurrents. L’arrivée en France de plusieurs géants internationaux pourrait bien changer cela.

La scène internationale en France

Vers les années 1960, la France avait manqué l’opportunité de s’internationaliser, perdant alors les devants qu’elle avait acquis sur le marché. La présence mondiale de la France fut alors timide ces dernières années. Cependant, forte de sa richesse culturelle, la scène française semble regagner l’intérêt de leaders internationaux, comme le montre l’arrivée de la galerie David Zwirner en 2019. L’arrivée prévue en 2023 de la galerie Hauser & Wirth renforce ce sentiment que la scène internationale choisit la France comme nouveau centre du marché européen.

De plus, le lancement en France de la foire Paris + par Art Basel, du 20 au 23 octobre 2022, redonne à la capitale une place centrale sur la scène internationale aux côtés de Bale, Miami, Hong Kong.... Des collectionneurs prestigieux, venus des quatre coins du monde, se sont rendus à cette édition inaugurale et ont permis d’atteindre des sommets en termes de prix de vente lors d’une foire, citons notamment un tableau de Joan Mitchell vendu aux environs de 4.5 millions chez David Zwirner ou un Giacometti à 2.7 millions cher Kamel Mennour.

Ce renouveau d’intérêt pour la capitale a permis à la scène française de prendre le dessus sur sa concurrente anglaise, mise en avant depuis le lancement en 2003 de la foire Frieze.

Brexit, crise sanitaire,… quel avenir pour le marché de l'art ?

L’arrivée de la galerie David Zwirner en France était la conséquence assumée de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, celle-ci souhaitant conserver les avantages de la circulation libre intra zone euro. De fait, les frais d’imports en France sont, depuis lors, parmi les plus bas de l’Union Européenne et en font le nouveau lieu de référence européen. Une baisse de 10% des ventes de la scène britannique par rapport à 2019 est d’ailleurs notée par Thierry Ehrmann, que celui-ci explique notamment par le report de ventes londoniennes à Paris, toujours lié au Brexit.

Parallèlement au Brexit, le marché de l’art a été bouleversé par la crise sanitaire. Les mesures “Zero Covid” prises en Chine justifient d’ailleurs son dépassement par les Etats-Unis au niveau des ventes aux enchères. Pourtant, afin de pallier le problème, le marché s’est rapidement dématérialisé et a signé l’émergence foudroyante du marché chinois. Le marché de l’art numérique possède alors une forte importance qui ne cesse de croître. Selon le rapport Hiscox 2021, 1ère partie, les ventes d'œuvres d’art en ligne ont atteint les 13.5 millards de dollars en 2021 contre 4.82 milliards en 2019. Face à ces chiffres frappants, 84% des acheteurs en ligne estiment que les conséquences de la crise sanitaire seront permanentes sur le marché : la dématérialisation des ventes s'installe et convainc de plus en plus les amateurs d’art.

La France, profitant de cette dématérialisation du marché, est donc le théâtre de nouvelles solutions de vente en ligne. Nous pouvons notamment citer Artransfer : fondée par des experts du marché de l'art, cette plateforme dédiée aux collectionneurs simplifie la vente des œuvres dites de second marché et rend plus accessible leur achat en proposant la commission la plus basse du marché.

Pierre H. Way pour Artransfer

Précédent
Précédent

L’introspection, par Camille de Sancy

Suivant
Suivant

Le premier achat d’Elsa Paradol - Episode 15